37
Terra reprit conscience dans la soirée. À peine battait-il des paupières qu’il était assailli par un violent mal de tête. Sa vision était embrouillée, mais la personne qui s’approchait de lui sembla amicale.
— Où suis-je ? murmura-t-il.
Les mots résonnèrent à l’intérieur de son crâne.
— Vous êtes à l’hôpital. Je suis le docteur Hélène Deux Lunes. Un ami à moi vous a sorti de la rivière, où il semble que vous vous soyez frappé la tête. Comment vous appelez-vous ?
Terra voulut répondre, mais son esprit était vide : il ne savait ni son nom, ni son âge, ni pourquoi il était tombé dans l’eau. Paniqué, il tenta de s’asseoir. Le médecin le força à rester couché.
— Êtes-vous un fugitif ? s’inquiéta-t-elle.
— Je ne sais pas, murmura Terra, effrayé. Je ne me souviens de rien.
— Il est possible que le choc que vous avez subi soit la cause de cette amnésie, mais je suis persuadée qu’elle est temporaire. Dans quelques jours, vos souvenirs seront revenus. En attendant, profitez-en pour vous reposer.
— Pourriez-vous me donner quelque chose pour enrayer ce mal de tête ?
Elle lui donna deux comprimés avec un peu d’eau.
— Pour l’instant, nous vous appellerons Dillon en l’honneur du bienfaiteur qui a accepté de défrayer votre séjour à l’hôpital. Maintenant, essayez de dormir un peu.
Elle remonta la couverture jusqu’à son menton et se surprit à frissonner sous le regard d’émeraude de ce bel étranger à l’accent bizarre. Il y avait longtemps qu’un homme ne lui avait fait un tel effet. Elle ramassa son dossier et alla aussitôt consulter son collègue. Elle avait trouvé de curieux petits carrés noirs sur les radiographies de l’étranger…
* *
*
Au coucher du soleil, le chevalier, l’apprenti et le médecin avaient couvert beaucoup de territoire, sans pourtant retrouver Terra. Le cœur en peine, Galahad s’était assis près du feu avec ses compagnons. Donald distribua à sa place les repas concentrés.
— Il n’a pas quitté la réserve, affirma le chevalier. Je veux y retourner et fouiller cet hôpital.
— Pourquoi ne pas obtenir un mandat de perquisition ? suggéra Donald.
— Aucun juge ne voudra nous en accorder un en territoire amérindien, les avertit Ben. Il ne faut pas oublier non plus que Terra est recherché par l’armée.
— Mais la vie de mon roi est en danger !
— Je sais ce que tu ressens, sympathisa Donald, mais…
— Non ! Tu ne le sais pas !
Le Texan lança son repas au loin, bondit sur ses pieds et s’éloigna dans la forêt.
— Galahad ! le rappela Donald.
Il voulut le poursuivre, mais Keaton l’arrêta. Selon lui, il valait mieux le laisser se refroidir.
— Je ne connais personne d’aussi émotif, remarqua le médecin.
— Quel est son véritable lien avec Terra ? s’enquit Keaton.
— C’est son meilleur ami.
— Moi, je pense que leur relation est plus intime que ça. Galahad ne réagit pas comme s’il avait perdu son meilleur ami, mais plutôt comme s’il avait perdu l’amour de sa vie.
— Mais Terra était marié quand il vivait au Texas !
Donald les connaissait tous les deux. Si Galahad était amoureux du Hollandais, Terra, par contre, n’était pas le genre à s’éprendre d’un autre homme. Il adorait les femmes. C’était évident lorsqu’on l’observait en compagnie d’Amy. « La situation se complique de jour en jour », se découragea le médecin.
Galahad marchait dans un petit sentier en essayant de faire taire la douleur qui lui déchirait le cœur. Aucune des techniques qu’il avait apprises de son mentor ne semblait l’apaiser. Il s’appuya le front contre l’écorce rugueuse d’un arbre. Une main se posa sur son épaule.
— Ce n’est que moi, annonça le magicien, qui avait une fois de plus l’apparence d’un vieil Amérindien.
— Mon roi est blessé et je n’arrive pas à le retrouver, se plaignit Galahad.
— Sa blessure est superficielle.
— Je vous en conjure, dites-moi où le trouver.
— Il est dans la réserve, mais il n’entend pas ma voix.
— Comment est-ce possible ?
— Je crains que le sorcier ne soit à l’œuvre ici. Retourne à la cabane avec tes compagnons et attendez que je communique de nouveau avec vous. Je veux être certain qu’aucun danger ne vous guette avant de vous permettre d’aller chercher Terra.
Galahad baissa misérablement la tête.
— Je sais que tu es un homme d’action, mais ce n’est pas le moment d’agir, l’avertit le magicien.
Il essuya les larmes qui coulaient silencieusement sur les joues du chevalier et les transforma en lucioles qui s’envolèrent devant ses yeux émerveillés. Le magicien s’évapora au moment où Donald Penny arrivait.
— Qui était-ce ? s’étonna le médecin.
— Le magicien.
— Tu ne m’as jamais dit que c’était un chef indien.
— Nous ne savons pas qui il est vraiment, car il emprunte l’aspect qui lui plaît. Il n’y a que ses yeux qui ne changent pas.
— Je pense qu’il est plus que temps que tu m’expliques ce jeu, déclara Donald en le prenant par le bras et en le tirant vers leur camp.
— Tu ne pourrais pas comprendre, tu n’es pas chevalier.
— Je peux essayer.
— Plus tard, d’accord ? Le magicien veut que nous retournions à la cabane près de la base militaire. Nous devons lui obéir sans délai.
Donald se rendit à cette requête, mais il commençait à trouver dangereux que son compagnon remette continuellement les décisions importantes entre les mains d’un personnage mythique qui passait son temps à disparaître.
* *
*
Lorsque Terra fut délivré de son terrible mal de tête, Hélène lui présenta Max comme étant celui qui l’avait repêché dans la rivière. D’ailleurs, son sauveteur insistait pour l’héberger chez lui jusqu’au retour de ses souvenirs. Hélène offrit à Terra des vêtements qui avaient appartenu à son défunt mari.
— Si j’avais de l’argent et si je savais où je suis, je vous inviterais au restaurant pour vous remercier, déclara-t-il.
— Un médecin ne doit pas s’attacher à ses patients. C’est le règlement.
Elle n’avait fréquenté aucun autre homme depuis son veuvage. Elle ne voulait pas s’intéresser à Terra. Cet étranger était attirant, certes, mais il avait un passé et probablement une épouse et des enfants quelque part. Il n’était pas question qu’elle se laisse séduire pour être ensuite abandonnée. Elle s’assura seulement qu’il avait suffisamment d’équilibre pour quitter le dispensaire sur ses deux jambes, puis elle laissa Max l’emmener.
Terra entra dans la petite maison et fut assailli par la bonne odeur de viande rôtie. Marie vint à sa rencontre et le fit asseoir à table avec Max. Pendant qu’elle le servait, Terra regarda autour de lui. Il se trouvait dans la salle principale qui servait de salon, de salle à manger et de cuisine. Les portes découpées dans le mur du fond devaient mener à des chambres. Il contempla fixement l’assiette fumante que Marie lui présentait, incapable de se rappeler s’il avait des préférences alimentaires.
— Vous n’avez pas l’air d’un homme qui a failli se noyer, déclara Marie en s’asseyant enfin.
— Je suis désolé, je ne me souviens de rien, s’excusa Terra.
— Alors, laissez-moi vous dire ce que j’ai vu, intervint Max. Vous couriez sur la berge au milieu de la nuit, des soldats à vos trousses. Ils se rapprochaient dangereusement, alors vous avez tendu la main vers le ciel…
— Max, ce n’est pas le moment, lui reprocha Marie.
— Non, au contraire, je veux savoir ce que j’ai fait, implora Terra.
— Vous vous êtes envolé jusqu’au sommet de l’arbre.
Terra fixa le chasseur avec un étonnement qui risquait de se transformer en panique. Marie posa une main rassurante sur son bras.
— Il pense que vous êtes un esprit de l’air, ajouta-t-elle en secouant la tête avec découragement.
Était-ce pour cette raison qu’il ne se rappelait pas de son passé ? Était-il un être céleste tombé sur Terre par accident ?
— Pourquoi les soldats me poursuivaient-ils ? s’enquit-il.
— Je n’en sais rien, avoua Max. Je sais seulement que vous étiez terrorisé. Jusqu’à ce que nous sachions ce que vous veut l’armée, je pense que vous devriez rester caché ici.
— Et si j’étais un criminel ?
— Vous n’avez pas le regard d’un bandit, Dillon, répliqua Marie.
Il toucha à peine ce repas pourtant excellent. Marie respecta son silence, car elle comprenait sa frayeur. Elle lui montra ensuite sa petite chambre : elle ne contenait qu’un lit et une commode. Il se planta devant la fenêtre et leva les yeux sur les milliers d’étoiles qui brillaient dans le ciel.
— Qui suis-je ? murmura-t-il.
Galahad s’était assis sous le même ciel étoilé, à proximité de la cabane. Pendant un instant, il crut sentir la présence de Terra. Donald déposa une couverture sur ses épaules.
— Je viens d’entendre sa voix, mais ce n’était qu’un murmure, fit tristement le chevalier.
Le médecin prit place sur une souche, décidé à mettre au clair le lien qui unissait les deux astrophysiciens.
— Qui est Terra pour toi, Galahad ?
— C’est mon roi.
— Ça me semble beaucoup plus profond qu’une simple amitié.
Galahad baissa la tête pour éviter le regard inquisiteur du Canadien.
— Êtes-vous amants ? demanda Donald sans détour.
— Qu’est-ce que ça changerait pour toi ?
— Il est marié et Amy est enceinte, lui rappela-t-il.
— Je n’ai pas menacé son mariage avec Sarah et je ne briserai pas son mariage avec Amy.
— Cette relation, c’était son idée ?
— Non, le défendit Galahad. Nous passions pas mal de temps ensemble et nous avions beaucoup d’affection l’un pour l’autre. C’était inévitable.
— Mais sa femme ? s’inquiéta Donald.
— Il aimait Sarah, mais elle était toujours fâchée contre lui et il avait un immense besoin de tendresse.
— Jamais je ne me suis douté que Terra était homosexuel.
— Il a seulement profité de l’amour que j’avais à lui donner.
— Mais n’es-tu pas amoureux de Chance Skeoh ?
— Oui, bien sûr. J’aimerais passer le reste de ma vie avec elle. Mais Terra est mon roi. Je serai obligé de me plier à sa volonté.
— Mais ce n’est qu’un jeu de rôles, Galahad. Terra n’est pas réellement le roi Arthur et il te permettra certainement d’aimer qui tu veux !
— C’est que tu ne comprends pas le jeu.
Galahad se leva et marcha vers la cabane. « Pas question qu’il s’esquive une autre fois », décida Donald. Il lui saisit le bras, le forçant à pivoter vers lui.
— Tu es déçu ? s’attrista le chevalier.
— Non. Tes préférences sexuelles te regardent.
— Veux-tu vraiment être l’ami d’un homme déchiré entre deux mondes ?
— Le chevalier parfait ne saurait être tourmenté bien longtemps, déclara une voix.
Le médecin sursauta. De nouveau, le vieil Amérindien venait de surgir près d’eux. Ben Keaton sortit de la maison et reconnut lui aussi les yeux clairs du magicien, même si son apparence était radicalement différente.
— Maître, fit-il en s’inclinant légèrement.
— Je suis venu vous inviter à dîner. Je crois bien que vous en avez assez de la dinde de sire Galahad.
— En effet, avoua Donald.
Le magicien fit un geste de la main et ils furent immédiatement transportés dans le hall en pierre d’un grand château. Donald fit plusieurs tours sur lui-même. Il n’en croyait pas ses yeux.
— Je suis le magicien, rappelez-vous, fit le vieil homme.
Donald constata que ce n’était plus un Amérindien qui se tenait devant eux, mais un vieux roi aux cheveux gris, portant de riches vêtements de velours bleu sombre, brodés d’or et des chevalières de pierres précieuses à tous les doigts.
— Je vous en prie, messieurs, asseyez-vous.
— Je croyais que vous viviez dans une caverne.
— Je peux la transformer, tout comme je peux changer mon visage.
Donald sursauta lorsqu’une longue table chargée de plats se matérialisa devant lui. Mais comment était-ce possible ? Galahad et Keaton prirent place sur les bancs de bois sans manifester la moindre inquiétude. Donald tendit lentement la main pour toucher la table : elle était bel et bien réelle.
— Vous êtes aussi mon invité, sire Donald, fit le magicien, maintenant assis sur une chaise sculptée.
Le médecin s’assit lentement sur son siège, comme s’il craignait qu’il disparaisse sous lui. En riant, le magicien l’assura que les mets appétissants n’étaient pas non plus le fruit de son imagination. Galahad croqua avec plaisir dans une grosse pomme rouge. Il ne semblait pas le moindrement du monde étonné de se retrouver dans cet endroit qui n’existait pas.
— Ce n’est pas la première fois qu’il visite Camelot, expliqua le magicien, qui semblait lire les pensées du médecin. Je l’emmène ici chaque fois que j’ai besoin de lui rappeler son importance dans l’univers.
Galahad accepta humblement la remontrance.
— Que voulez-vous savoir au sujet du jeu, sire Donald ?
— Je veux comprendre en quoi il consiste et qui en sont les joueurs. Je veux savoir pourquoi le roi a le droit d’empêcher un de ses chevaliers de vivre sa vie comme il l’entend.
— Le jeu est une croisade contre les représentants du mal. Il est joué sur toute la planète par des milliers de personnes qui veulent la préserver. Il y a des chevaliers qui combattent des dragons, des soldats qui combattent de possibles envahisseurs extraterrestres, des sociétés secrètes qui combattent des ennemis invisibles, des spécialistes qui déterrent les conspirations. Il y a bien trop de joueurs pour que je vous les nomme tous ce soir.
— Est-ce vous qui avez créé l’ordre de chevalerie ?
— Non, je n’ai pas eu cet honneur. L’ordre existe depuis des milliers d’années.
— Et les règles du jeu aussi ?
— En fait, il n’y a qu’une seule règle : il faut protéger le roi. Les chevaliers sont les pièces qui le défendent. Je suis celui qui les manipule dans le monde physique, bien que certaines d’entres elles, plutôt indépendantes, agissent parfois de façon imprévisible.
Galahad arrêta de manger, mais le vieux roi lui fit signe de poursuivre son repas.
— Contre qui jouez-vous ? s’enquit Donald.
— Contre le sorcier, évidemment. Disons que c’est une sombre version de moi-même et je doute qu’il vous invite ainsi à sa table.
— Terra sait-il tout ça ?
— Bien sûr.
— Est-ce vous qui l’avez envoyé en Colombie-Britannique ?
— Non, mais il avait besoin de s’isoler, alors je ne m’y suis pas opposé. Il est maintenant de retour dans le jeu et il va donner beaucoup de fil à retordre au sorcier. Je crains par contre que son séjour au Canada soit terminé.
— Mais que faites-vous de sa femme et du bébé qu’elle va bientôt mettre au monde ?
— Il n’aurait pas dû s’attacher à elle. Il savait qu’il devrait un jour retourner dans la mêlée.
— Donc, si je comprends bien, une fois qu’un homme fait partie de l’ordre, il n’a plus de vie personnelle ?
— Au contraire ! Il a enfin une vie, un but et une famille, le corrigea Galahad.
— Mais Terra Wilder avait une vie ! protesta le médecin. C’était un génie de l’astrophysique ! Et il était marié !
— Mais le gouvernement n’appréciait pas son travail à sa juste valeur. Malgré tout ce qu’il avait, c’était l’homme le plus malheureux du monde. L’ordre lui a donné une raison de vivre, des amis, une vie sociale et surtout de l’amour.
— Marco Constantino sait-il dans quoi il s’est engagé ?
— Il sait qu’il fait partie d’un monde beaucoup plus vaste que sa petite ville de Little Rock, affirma le magicien. Il sait aussi que le rôle d’un chevalier est de lutter contre le mal.
— L’ordre l’a donc pris en otage ! en déduisit Donald.
— Pas du tout, voulut le rassurer Galahad. L’ordre est sa nouvelle famille. Il recevra l’argent dont il a besoin pour faire la carrière de son choix et tous ses besoins seront comblés.
— Est-ce qu’il sait qu’il ne pourra plus jamais vous échapper ?
— Nous échapper ? s’étonna Galahad. Que veux-tu dire ?
— Il pourrait peut-être en avoir assez de vous obéir et vouloir changer d’orientation.
— Il aurait bien trop à perdre.
Donald ne pouvait tout simplement pas comprendre leur philosophie. Comment un homme pourtant lucide comme Christopher Dawson avait-il pu s’enfoncer dans cette fantaisie au point de ne plus se rendre compte de l’absurdité de ses propos ?
— Vous ne dites rien, monsieur Keaton ? s’inquiéta le magicien.
— Tout comme Donald, je ne saisis pas très bien l’importance du jeu pour l’ordre, mais puisque je n’existe plus dans le monde physique, il faudra bien que je m’y fasse.
— Que tu acceptes cet esclavage, tu veux dire ? le reprit Donald.
— Je ne suis pas dans la même position que les chevaliers.
— C’est exact, monsieur Keaton, confirma le magicien. Vous avez le choix entre prendre ma relève afin d’assurer la survie de la planète ou quitter le monde physique. Nous vous offrons une mission remplie de dangers, mais aussi de satisfaction personnelle. La majorité des hommes vivent tranquillement avec leur famille et font le même travail routinier tous les jours de leur vie, ignorant que les nervis du sorcier n’attendent que le moment de frapper. Vous êtes appelé à devenir leur principal protecteur.
— Mais il n’y a aucun mal à vivre une vie tranquille ! s’emporta Donald.
— Non, acquiesça Galahad. Mais pour ça, il faut que des hommes comme nous se sacrifient.
Le magicien leva sa coupe en portant un toast au jeu. Donald ne broncha pas. Galahad posa la main sur son épaule, mais le médecin se dégagea brutalement et se leva. Il s’accroupit devant l’âtre, en pensant à Amy, qui allait mettre un enfant au monde sans se douter qu’elle ne pourrait plus jamais revoir son mari. Il songea aussi à Nicole et à Mélissa… Comment ces hommes pouvaient-ils accorder autant d’importance à un jeu qui détruisait des familles ? Galahad voulut le rejoindre, mais, d’un seul regard, le magicien l’obligea à demeurer à sa place.
— Un jour, vous verrez que le jeu est crucial pour la survie de la Terre, monsieur Penny, lui prédit le magicien.
Pourtant, Donald ne pouvait tout simplement pas accepter le sacrifice qu’il exigeait d’hommes aussi bons que Galahad et Terra.